samedi 30 janvier 2016

BIOGRAPHIE DE LA FAIM (Critique)

Roman autobiographique
Auteur : Amélie Nothomb (belge)

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Je viens de lire le roman.
Le titre du récit m’a surpris. Il n’a rien à voir avec son sujet. Dans le roman, quand on parle de faim, on veut dire faim d’amour, de mère, de connaissances, de nouvelles expériences, d’activités folles et tant d’autres choses.

On doit dire d’avance que la narratrice est le personnage du livre aussi. Elle nous raconte sa vie d’enfance, d’adolescence, de jeunesse. Elle a suivi ses parents là où ils sont allés – son père était ambassadeur de la Belgique -, au Japon, en Chine, au Bangladesh -qu’elle décrit comme une rue pleine de gens en train de mourir-, en Birmanie,  à New York et puis, toute seule, elle est allée en Belgique pour finir ses études, son pays d’origine qu’elle ne connaissait pas du tout.

Elle  a connu l’alcoolisme infantile ; l’anorexie –à quinze ans, pour un mètre  soixante-dix, elle pesait trente-deux kilos- ; la boulimie, la potomanie – folie pour l’eau - ; asthme —fidèle compagnon de toute sa vie—,  des tentatives de suicide… Elle a été esclave absolue du sucre, du vin, du champagne,  des sucreries, d’absence de mère,…

L’auteur commence à nous raconter des choses sur la faim dans le  monde et puis de sa faim individuelle. C’est l’histoire d’une mélancolie.

On nous dit que Vanuatu, anciennement Nouvelles-Hébrides, c’est un archipel océanien qui n’a jamais connu la faim.

 Il y a à Vanuatu abondance et isolement -des vertus-, mais l’archipel est peu visité. Revenir de là  ne provoque aucune réaction. Il y a de tout : des palmiers, des cocotiers, des plages de sable fin, des fleurs, vie tranquille. Ils mangent souvent du gname, un tubercule.

 Il y a de la nourriture partout. Ils n’ont pas la produire. On étend les mains et dans l’une vous avez une noix de coco et dans l’autre des bananas. Dans la mer : des coquillages, des oursins, des crabes, des poissons à la chair raffinée. Dans la forêt : trop d’oiseaux, des nids d’œufs, du lait des femelles phacochères (femelles de sangliers) …

Vous ne savez pas ce que c’est ça ! – finissent les trois hommes qui racontent l’histoire de Vanuatu à l’auteur. Personne ne travaille parce qu’on a partout de la nourriture.

L’absence de faim est un drame. Alors il n’y a pas d’appétit à Vanuatu. C’est la nature qui s’occupe de tout.

La vie était une flânerie et ils manquent même d’une quête.

***  

Le contraire de Vanuatu  est la Chine, la championne du ventre vide. Les chinois ont dû apprendre à manger l’immangeable.

Un chinois posse à un autre toujours la même question : As-tu mangé ?   Ils ont tout inventé, tout pensé, tout compris, mais ils ont triché : ils avaient faim.

Vanuatu me fascine parce que j’ai le contraire : j’ai faim. J’ai lu – dit-elle - sous la plume de Catulle : cesse de vouloir. La faim c’est vouloir. J’ai faim de connaissances, de connaître mon corps et mon esprit, des gens, et cetera.

Avoir du chocolat – nous dit-elle - c’était  croire en Dieu et se sentir en sa présence.

Amélie nous raconte aussi : Quand j’ai été scolarisée je suis allée à une école japonaise (classe des pissenlits).  J’étais la seule-non nippone à l’école. Nous y chantions souvent. On doit savoir qu’elle est née à Kobe (Japon).

Un jour, au quinze ans , je sentis que la vie me quittait. Je devins un froid absolu. Ma tête accepta. Mon corps se révolta contre ma tête. Il refusa la mort. Mon corps se leva, alla dans la cuisine et mangea. Ce fût la victoire de l’organique contre le physique.  L’écriture y  contribua aussi.

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Critique littéraire :

Récit originel, difficile à imiter, par des épisodes brefs, à la portée des étudiants étrangers avancés de français, qui invite à lire d’autres œuvres de l’auteur, contenant des métaphores et des expériences alimentaires qui exposent des réflexions existentielles.  

L’auteur, qui est parfois politiquement incorrect, raconte des situations réelles  avec  d’ingéniosité, de provocation et d’humeur.

En lisant le récit je me suis souvenu de l’école littéraire américaine qui écrivait sur la base de brefs chapitres comme s’il s’agissait de séquences de cinéma (Ernest Hemingway, John dos Passos, Sam Shepard, etc.).  

J’ai trouvé le thème un peu faible. Moi, je reporte mon avis définitif sur l’auteur jusqu’à la lecture d’un autre roman malgré ma lecture antérieure de Stupeurs et tremblements,  autobiographique, comme celui-ci.

Est-ce que c’est vrai tout ce qu’on raconte dans le récit où pas ? Ça seulement l’auteur le sait.  

Antonio Senciales, 2015

2 commentaires:

Anonyme a dit…

(de jeunesse) je ne suis pas attirée par les écrits d' Amélie Nothomb

Antonio Senciales a dit…

Merci bien, Sylvie, pour me corriger le mot 'jeunesse'.